Geisha – Un livre, un film, du thé
En juin, Valentine m’a offert le livre Geisha d’Arthur Golden. Ça rentre dans la lignée de mes lectures nippones de cette année ! Ayant vu et adoré le film, j’avais peur d’être déçue par le bouquin car je connaissais déjà l’histoire. Heureusement Geisha réserve beaucoup de surprises tant sur l’histoire que sur le fond culturel. Donc merci Valentine pour ce beau cadeau qui m’a transporté au Japon du monde flottant.
Synopsis
Dans le Japon des années 30, la jeune Chiyo est vendue à une okiya dans le quartier des plaisirs de Kyoto. Elle deviendra une célèbre geisha au prix de mille efforts face à sa rivale Hatsumomo. L’histoire se concentre sur son arrivée à Kyoto, son apprentissage et les intrigues de son ascension sous le nom de Sayuri.
La femme qui m’a enseigné la cérémonie du thé avait dans les vingt-cinq ans et n’était pas une très bonne geisha. Mais la cérémonie du thé était sa passion, et prenait une dimension sacrée. Ainsi je ne tardais pas à m’intéresser à cette matière. C’était d’ailleurs la leçon idéale à la fin d’une longue matinée. Il régnait durant ce cours une telle sérénité ! Encore aujourd’hui, la cérémonie du thé me procure le même plaisir qu’une bonne nuit de sommeil.
Impressions sur Geisha
J’apprécie beaucoup les romans d’un point de vue interne qui m’aident à me plonger rapidement dans le récit. Je me suis facilement identifiée au personnage de la jeune Chiyo, je l’ai trouvé attachante et plein d’innocence. Cet aspect est accentué avec l’enfance de la jeune fille, beaucoup plus détaillée dans le roman que dans le film. On y apprend comment elle est manipulée par son voisin qui organise sa vente à la maison close. Les évènements s’enchainent de manière logique et l’ascension de Chiyo, devenue la célèbre Sayuri, est bien expliquée. Ma partie favorite du récit reste bien évidemment la période d’apprentissage, véritable mine d’informations sur la vie des quartiers réservés au Japon. Les évènements durant la Seconde Guerre Mondiale m’ont moins interpellée et je n’ai pas aimé la fin du roman (surement car il se déroule hors du Japon et que je ne voulais pas que le récit se termine). Aussi car j’ai compris que Sayuri est un personnage fictif et que je me suis faite avoir par le prologue ! Bien joué Monsieur Arthur Golden.
J’ai trouvé ce roman bien écrit et agréable à lire. C’est ce genre de récit qui mêle bien la fiction à des explications culturelles complètes. Lorsque j’ai fini Geisha, j’ai eu le sentiment d’avoir appris mille et une choses sur la vie des geishas. Il semblerait qu’Arthur Golden ait pris quelques libertés concernant la monétisation de la virginité des apprentis geishas (maiko). Information contestée par Mineko Iwasaki, la geisha qui a inspiré ce roman, elle a édité sa version des faits dans l’ouvrage Ma vie de Geisha, qu’il faudra que je lise pour croiser les informations.
Mémoires d’une Geisha de Rob Marshall
Peut-être l’un de mes films favoris que j’ai toujours grand plaisir à regarder. Je l’ai découvert avant de lire le livre, ce qui a influencé ma lecture (j’avais les images en tête lorsque je lisais). Mémoires d’une Geisha respecte bien la globalité du roman et les raccourcis scénaristiques sont intelligents. Certains personnages s’effacent, mais cela n’enlève rien à l’essence de l’intrigue. Comme dans le bouquin, ma partie favorite reste la période d’apprentissage très bien résumée en peu de temps. Mais on ne voit pas la découverte de cérémonie du thé !!! SNIF ! La partie de la Seconde Guerre Mondiale est très éthno-centrée sur les personnages américains tandis que le livre reste sur des personnages japonais. Bon, c’est Hollywood… j’ai préféré la version du roman qui m’a paru plus véridique et moins accaparée par la vision américaine. J’ai également eu plus d’affection pour Nobu, le soupirant de Sayuri dans le récit écrit car il y est montré d’une manière plus attachante. Dans le film, l’acteur a un jeu très rude et antipathique.
Côté visuel, Mémoire d’une Geisha est un film splendide pour les yeux. Les décors, les costumes, les actrices. Oui, c’est vrai qu’elles sont chinoises et pas japonaises. Que c’est une vision de la beauté nippone déformée par Hollywood. Cependant, j’ai été convaincue par leurs interprétations et elles m’ont fascinée. Autre point qui m’a amusée, c’était de constater que le film a respecté certaines répliques, mais qu’elles ne sont pas citées par les mêmes personnages dans le livre :
Voyez à quel point cette jeune fille est déterminée, président. S’il y avait eu la moindre goutte de thé dans cette théière, elle aurait réussi à l’en extirper.
La fin du film sonne comme l’avènement d’un conte de fée où Sayuri retrouve enfin l’homme qu’elle a toujours chéri tandis que le roman montre une fin qui a un goût de liberté, mais qui est moins romantique. Je n’en dis pas plus et vous laisse découvrir les aventures de la jeune Chiyo en écrit ou à l’écran. Une belle histoire qui vous transportera dans un Japon perdu.