Fish Hook, Saule & Hirondelle
Mois de novembre du Hanafuda

Selon l’ancien calendrier lunaire japonais, c’est au mois de novembre que tombe le solstice d’hiver ! C’est un période agricole creuse qui précède le mois de décembre, dédié aux préparatifs du nouvel an. La plante du mois est un arbre persistant dont le ramage résiste à l’hiver qui s’installe : le saule. C’est un arbre symbole de féminité, car il est considéré comme lié à la lune et à l’eau. Une légende japonaise narre l’histoire d’amour d’un samouraï pour une femme qui n’est autre que… l’âme du saule de son jardin !

Branches de saule pleureur
dans le vent d’est –
des belles se repeignent

Basho, L’intégral des Haïkus, poème 25, Éditions Points.

Feuilles du Fish Hook Green Tea de What Cha.

Un poète, une grenouille et une hirondelle sous un saule

La carte spéciale du mois de novembre du Hanafuda nous montre un poète sous la pluie marchant près d’une rivière bordée de saules. Une hirondelle vole entre les branches de l’arbre et une petite grenouille est au pied du poète. La carte fait écho au poète Ono no Tôfu qui tentait désespérément de devenir lettré, mais il échouait aux examens. Alors qu’il était près d’une rivière, il aperçu une grenouille qui tenta à de nombreuses reprises d’attendre une branche de saule. En constatant la persévérance du batracien, le poète se présenta une nouvelle fois à l’examen qu’il réussi cette fois. Ce conte nous parle de détermination, tandis que l’hirondelle évoque la vivacité d’esprit du poète qui fuse comme la pluie du mois de novembre sur les cartes du Hanafuda.

SAULE = SOUPLESSE – SENSUALITÉ – PERSÉVÉRANCE

Infusion sous les saules pleureurs.

Le monde des saules et des fleurs

Cette métaphore poétique cache en réalité un lieu bien précis : celui des plaisirs, aussi appelé quartier « réservé ». Durant la période d’Edo, le quartier des plaisirs le plus célèbre s’appelait Yoshiwara et il était situé à Kyoto, alors capitale du Japon. C’était une enceinte close en sein même de la ville que les courtisanes et les prostituées ne pouvaient quitter que si un client rachetait leur « liberté ». Le quartier de Yoshiwara bordait le fleuve de la Sumida où étaient plantés de nombreux saules. Ces arbres très souples et ondulant avec le vent furent tout naturellement associés à la grâce féminine et la à sensualité liées à ce quartier. Ouvert à tout public, clients potentiels ou simples badauds, les étales et maisons closes ouvraient vers midi pour ne fermer que tard dans la nuit.

Les 12 Thés du Hanafuda du mois de novembre.

Fish Hook Green Tea – Thé vert vietnamien

Fish Hook est un thé vert vietnamien de la marque What Cha, récolté en mars 2018. Ce thé se présente sous forme de petites spirales de couleur vert bleuté. Le nez porte sur des dominantes de céréales. Une fois les feuilles infusées, les effluves sont plus légumeux (sur le petit pois) avec une pointe marine. La liqueur est jaune pâle et un peu trouble. La texture de Fish Hook est douce et légère avec une saveur principalement sucrée. Les arômes sont très aquatiques avec un univers végétal subtil. Le fond de céréales revient en rétro-olfaction et se prolonge en finale. Fish Hook est un thé léger à déguster toute la journée. C’est un bon compromis entre le végétal légumeux d’un thé chinois et le végétal iodé d’un thé japonais. De plus, le nom Fish Hook m’évoquait l’univers végétal et aquatique de la carte spéciale du Poète.

Essayant de traverser
avec mon parapluie de papier huilé
la ramure du saule pleureur

Basho, L’intégral des Haïkus, poème 831, Éditions Points.

J’espère que cet article plein de grâce féminine vous a plu. Nous nous retrouvons le mois prochain pour clore ce projet des 12 Thés du Hanafuda ! Plus d’infos sur le thé vert Fish Hook ici.

Linogravure du mois.